Le Vert Nicolas Walder a été élu par les Genevois au Conseil National. Le Maire ouvertement Gay de la ville de Carouge nous parle dans cet entretien de ses objectifs et de sa vision pour la Suisse.
Nicolas Walder, félicitations pour votre élection réussie au Conseil National. Comment vous sentez-vous ?
Vielen Dank! Je suis très heureux pour mon élection et aussi bien sûr pour le succès historique des Vert.e.s. Cela démontre que nos positions claires tant en matière climatique et d’environnement que d’égalité, de lutte contre les discriminations ou d’ouverture au monde trouvent un large écho en Suisse. J’interprète ce résultat comme la traduction dans les urnes d’une année assez folle qui a vu plus de cent mille personnes descendre dans les rues de Berne pour défendre le climat mais aussi plusieurs dizaines de milliers à Genève tant pour la grève des femmes que pour la marche des fiertés. C’est fantastique !
Fin septembre, vous avez participé à un petit forum électoral organisé par Network et avez débattu des questions LGBT. Les discussions vous ont-elles laissé une impression durable ?
J’ai trouvé le débat très relevé. C’est vrai qu’à Genève, l’ouverture du mariage pour toutes et tous et la pénalisation de l’homophobie ne font plus vraiment débat, hormis au sein de l’UDC et l’UDF qui continuent de s’y opposer. Heureusement, l’extrême droite ne pèse pas bien lourd dans mon canton ! Mais ce débat a aussi permis d’aborder d’autres questions au cœur des enjeux LGBT. Je pense à la filiation automatique ou à la PMA dont l’accès pour les couples de même sexe est contesté par l’UDC et le PDC au niveau national. Je pense aussi à la question de la suppression du genre dans les les documents d’état civil. Car si l’on entend instaurer une société plus ouverte et combattre efficacement le sexisme, l’homophobie et la transphobie, il faudra nécessairement sortir de la binarité femme-homme dans laquelle nous enferme notre société patriarcale. Cette question n’est malheureusement que trop rarement abordée dans les débats politiques.
Vous êtes le maire de Carouge et vous êtes gay vous-mêmes. Avez-vous déjà été victime de discrimination ou de harcèlement en raison de votre orientation sexuelle ?
Qu’il s’agisse de mon parcours politique ou de ma carrière professionnelle, au CICR et en tant que directeur d’institution sociale, je n’ai pas souvenir d’avoir subi de discriminations ou d’avoir été victime de harcèlement. Il est vrai que chez les Vert.e.s, les propos ou actes homophobes sont immédiatement sanctionnés. Au contraire, c’est même bien vu dans mon parti de se déhancher sur un char à la Pride, y compris pour les hétéros ! Il m’est toutefois arrivé, depuis mon accession à la Mairie en 2011, de subir des allusions déplacées. Elles restent heureusement très rares et proviennent surtout d’individus machistes et conservateurs. Les mêmes personnes qui s’opposent au mariage pour toutes et tous et qui n’acceptent pas de devoir partager le pouvoir avec les femmes !
Vous êtes un cadre gay et donc vous êtes en fait prédestiné à devenir membre de Network. Peut-on s’attendre à une demande d’adhésion bientôt ?
Merci pour cette invitation qui me flatte car je trouve très positives les actions de Network et vous en félicite. Je souhaite dès aujourd’hui m’impliquer pleinement dans mes nouvelles fonctions à Berne afin d’y porter mes combats pour plus de justice climatique, sociale et humaine. En parallèle, je continuerai de m’investir dans le tissu associatif en fonction de mes disponibilités et des combats à mener.
Il est donc fort possible qu’on ait à se revoir prochainement pour discuter de ma demande d’adhésion.
En tant qu’homme politique écologiste, les préoccupations environnementales sont sans aucun doute importantes pour vous au Conseil National. Serez-vous aussi impliqué dans la communauté LGBT de Berne ? Comment ?
J’entends bien sûr lutter activement contre toutes les formes de discriminations et soutiendrai autant que possible les revendications de la communauté dans le cadre de mes fonctions à Berne. Je suis déjà actif au sein des groupes LGBT des Vert.e.s à Genève et au niveau national. Et s’il me reste du temps, je militerai volontiers au sein d’associations mais à priori plutôt à Genève qui est le canton dans lequel je réside.
Enfin : A quoi ressemble pour vous la Suisse idéale et quelle part de celle-ci aura été réalisée au cours des quatre prochaines années ?
Ma Suisse idéale est une Suisse écologique, égalitaire et ouverte sur le monde. Une Suisse progressiste et confiante en ses atouts. Une Suisse qui n’a pas peur d’octroyer les mêmes droits et devoir à tou.te.s ses habitant.e.s. Une Suisse qui n’hésite pas à transformer son économie afin de répondre au défi climatique. Une Suisse qui s’émancipe des lobbys pour réformer à long terme ses structures. Une Suisse véritablement participative où l’intérêt collectif et la dignité de toutes et tous sont au cœur des politiques. J’ai confiance, au vu de la nouvelle composition du parlement fédéral et avec l’appui de la société civile, que l’on puisse avancer concrètement ces quatre prochaines années vers cette Suisse idéale. Le mariage pour toutes et tous sans restriction serait déjà un pas important dans cette direction !
Texte: Michel Bossart
Traduction: Fred Bourdier