Le chorégraphe de 39 ans Ihsan Rustem, avec ses origines turques chypriotes et britanniques, vient de rejoindre le groupe régional de Zürich – et il est très enthousiaste du concept de «Network».
Ihsan, quand et comment as-tu pour la première fois entendu parler de Network ?
Network est très actif et visible au sein de la communauté et a toujours été une référence pour moi depuis que j’ai déménagé en Suisse il y a 15 ans.
Tu as récemment rejoint le groupe régional de Zurich. Pourquoi ?
J’ai grandi à Londres et j’étais déjà actif dans la communauté à l’âge de 14 ans – j’ai par exemple vendu des rubans rouges pour l’aide aux malades du sida lors des Gay Prides. Mais aujourd’hui, en tant que chorégraphe indépendant, je voyage neuf mois par an et je n’ai pas encore eu l’occasion de m’engager ici. Puis le Covid est arrivé, et avec le virus, j’ai eu plus de temps. C’était l’occasion rêvée d’envisager une adhésion.
Comment s’est passé ton admission ?
(Rires) A première vue, le processus semble un peu démodé. Mais à y regarder de plus près, je trouve qu’il est bon : il faut ce certain degré d’engagement et d’implication dans l’association. Network n’est pas une association quelconque à laquelle il suffit d’adhérer. Je trouve le concept de parrainage très bon – mes deux parrains – Peter Dorthe et Lukas Bieri – m’ont très bien accompagné. Et puis, tout s’est passé beaucoup plus vite que prévu. Un an environ. C’est tout à fait correct.
Tu es chorégraphe. Racontes nous un peu ta profession.
Pendant 15 ans, j’ai eu une carrière de danseur couronnée de succès et j’ai dansé en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse – à Berne et à Lucerne. En 2010, j’ai eu ma première commande en tant que chorégraphe à Portland, Oregon. Ce fut le coup d’envoi de ma carrière, car j’ai remporté deux prix internationaux importants. Par la suite, j’ai reçu de plus en plus de commandes de la part d’opéras et de projets indépendants, principalement aux États-Unis. Puis, en plus des projets locaux, j’ai reçu des commandes au Canada, en Amérique latine et en Russie. Je m’occupais souvent de six ou sept projets en même temps, ce qui m’obligeait à voyager presque toute l’année. Lorsque tous les projets de Covid ont été reportés, j’ai décidé de me rapprocher de chez moi. Après tout, je suis devenu suisse depuis peu ! Avec Cathy Marston, ma patronne bernoise de l’époque et une de mes bonnes amies (qui reprendra en 2023 le Ballet de Zürich des mains de Christian Spuck), j’ai maintenant fondé une nouvelle compagnie : « Cie. La Ronde ». Nous voulons créer un pont entre les grandes institutions et la scène indépendante. La « Cie. La Ronde » doit être une vraie compagnie suisse avec des danseurs, chorégraphes, décorateurs, costumiers, techniciens de l’éclairage, etc. d’ici. Notre première représentation aura lieu du 7 au 10 avril au théâtre de Winterthur. Ensuite, nous nous produirons au festival de danse « Steps ». Alors que je travaillais auparavant comme chorégraphe indépendant, je me retrouve maintenant dans un tout nouveau rôle, je dois par exemple aussi m’occuper de la collecte de fonds… Mais mon travail me procure beaucoup de plaisir et je me dis souvent qu’il est en fait étrange que des gens me paient pour ce plaisir… (rire).
Quel soutien Network peut-il t’apporter dans l’exercice de ta profession ?
Le concept de Network vaut de l’or ! Dès mes deux premiers apéros, j’ai pu nouer des contacts importants avec un cinéaste et un compositeur. Network est parfait pour le réseautage ! C’est avec plaisir que je m’impliquerai moi-même et que je parlerai de mon travail. Ce serait bien.
Ihsan, que fais-tu dès que tu te lèves le matin ?
Un café, encore un café, puis j’essaie de vider ma boîte de réception avant les répétitions.
Comment te tiens-tu au courant de l’actualité ?
Je regarde sur swissinfo.ch et thelocal.ch les nouvelles de la Suisse ; en arrière-plan, je laisse tourner BBC World…
Chat ou Chien ?
Wau !
Ta saison préférée ?
Je suis un enfant de l’été.
Quel livre sur trouve sur ta table de chevet ?
«Les Chroniques de San Francisco» d’ Armistead Maupin.
Y a-t-il quelque chose que tu voudrais oublier en passant de 2021 à 2022 ?
J’espère que les théâtres ne devront plus fermer. La vue d’une salle de spectacle vide est triste.
Ta pièce de ballet préférée?
Pas classique: «Petite Mort» de Jiri Kylian (Nederlands Dans Theater). J’ai dû voir cette pièce plus d’une centaine de fois.
Et quelle est la dernière chose que tu fais avant d’aller te coucher ?
Je vérifie à nouveau les sites d’information pour m’assurer que le monde ne s’est pas écroulé au cours de la journée !
Texte: Michel Bossart
Traduction: Fred Bourdier
Photo: Aline Paley