La plaque commémorative de Genève, initiée par Network, est en train de devenir un lieu important et symbolique de la lutte contre l’homophobie. Cette année encore, des représentants des gouvernements de la ville et du canton de Genève ont participé à la commémoration du 17 mai.
Cela a dû être des scènes terribles qui se sont déroulées le 10 juin 1566 en plein cœur de Genève. Bartholomé Tecia, un jeune garçon de 15 ans seulement, a été noyé dans le Rhône après avoir été reconnu coupable du « crime horrible et abominable de sodomie ». C’était le châtiment cruel de l’homosexualité de Bartholomé.
Une plaque contre l’oubli
Sans Network, les témoignages de cette cruelle exécution auraient pris la poussière dans les archives du tribunal et disparu à jamais de la conscience publique. Mais grâce à la plaque commémorative au bord du Rhône, initiée et financée par l’association en 2013, Bartholomé ne sera pas oublié. Il en va de même pour les 12 autres personnes qui y ont été noyées entre 1558 et 1619 pour cause d’homosexualité.
Chaque année, le 17 mai, une cérémonie commémorative co-organisée par Network, Dialogai et la Ville de Genève a lieu sur le lieu de l’exécution. Cette année, pour la première fois depuis 2019, cela a été possible directement sur place ; à deux reprises, une transmission vidéo avait dû être organisée en raison de la pandémie.
Il suffit de voir le nombre d’invités présents pour se rendre compte de l’importance de la cérémonie à Genève. Cette année encore, des journalistes ainsi que des représentants du canton et de la ville ont participé. Il s’agissait entre autres de Nathalie Fontanet, conseillère d’État et responsable du Service de promotion de l’égalité et de prévention de la violence du canton de Genève, et d’Alfonso Gomez du conseil administratif de la ville de Genève. Matthias Erhardt, président de Dialogai, a animé la cérémonie. Un réfugié ukrainien de l’organisation Asile LGBT a également pris la parole.
Tout commença par du théatre
Au tout début, le Networker Jean-Claude Humbert a joué un monologue de dix minutes tiré de sa pièce de théâtre sur le procès de Bartholomé Tecia. Il y représentait la femme qui avait accusé Bartholomé à l’époque – et qui était ensuite tourmentée par sa conscience.
C’est également Jean-Claude qui avait attiré l’attention de Network sur le sort de Bartholomé il y a une dizaine d’années. Pour sa pièce, il avait fait des recherches dans les archives judiciaires genevoises et avait finalement donné l’impulsion pour la plaque commémorative. « C’est un grand exemple de la manière dont l’idée d’un individu se concrétise avec l’aide de l’association », déclare le Networker Etienne Francey, qui co-organise chaque fois la cérémonie commémorative.
« Je suis fier que nous ayons créé un lieu où se déroule bien plus que la commémoration d’une seule personne », dit Etienne. « Sur cette plaque, nous rappelons qu’aujourd’hui encore, les gays, les lesbiennes et les personnes trans sont persécutés dans le monde entier ». Selon lui, cela se reflète également dans la date choisie : le 17 mai est la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie, l’interphobie et la transphobie.
Des fleurs dans le fleuve
Comme le veut désormais la tradition, les personnes présentes ont jeté des fleurs dans le Rhône à la toute fin de la cérémonie.
Ensuite, tous les participants ont été invités par les Services Industriels de Genève dans leur salle d’exposition « Quartier Libre » pour un café et des croissants. L’entreprise d’infrastructure, dont le siège est au Lignon, a récemment reçu le label Swiss LGBT.
Texte: Silvan Hess
Traduction: Fred Bourdier
Photos: Bettina Jacot-Descombes