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Mode masculine 5.1.22

Une conversation de salon sur la mode et les mœurs

Bezüglich Männermode fehlt der Gesellschaft nicht die Akzeptanz
Bezüglich Männermode fehlt der Gesellschaft nicht die Akzeptanz

Lorsqu’il s’agit de mode, beaucoup d’hommes manquent d’assurance et se tournent vers ce qui a déjà fait ses preuves et est connu. Dominik Bachmann pense que ce n’est pas nécessaire – l’essentiel est de rester soi-même et authentique. 

Le Networker Dominik Bachmann dirige à Bâle Dreispitz un magasin de vêtements pour hommes qu’il ouvre en exclusivité et sur rendez-vous. Il propose à sa clientèle des vêtements sur mesure de designers sélectionnés et des accessoires pour une présentation élégante.

Dominik, les hommes suisses sont-ils bien habillés ?
Il n’est pas possible de répondre clairement à cette question par un oui ou un non. Si je regarde par exemple les messieurs qui passent dans le hall de la gare d’une grande ville ou dans un centre commercial en Suisse, mon jugement global sera négatif. Mais si je vois avec quelle nonchalance stylée les garçons s’habillent dans le Kreis 4 ou 5 de Zürich, dans le St. Johann de Bâle ou dans le quartier de la Länggass à Berne, je dois répondre par l’affirmative. Dans l’ensemble, on peut quand même dire que les hommes sont plus élégants à Milan, plus branchés à Berlin, plus audacieux à New York ou Tokyo, et donc plus sûrs de leur style.

Que penses-tu des codes vestimentaires comme par exemple la « tenue de soirée » ?
Les codes vestimentaires peuvent être utiles. Il y a les codes vestimentaires classiques, qui sont surtout valables dans le monde des affaires ou lors d’occasions solennelles. En tant qu’invité, il est plus facile de savoir sur un carton d’invitation dans quel code vestimentaire je dois me présenter. Je sais ainsi ce que l’on attend de moi et je risque moins d’être under-dressed ou overdressed. Si la société à laquelle on est invité n’est pas trop rigide sur les règles traditionnelles du code vestimentaire, on peut aussi, avec du style, tordre les règles et les réinterpréter dans le cadre d’une présentation générale harmonieuse.

En revanche, je n’aime pas les infatigables « sachants » qui veulent me faire comprendre qu’il n’est pas convenable de porter des chaussures marron en soirée ou de fermer le bouton du bas de son gilet. Je n’aime pas que les gens soient trop dogmatiques en matière de style.

Pourquoi les vêtements formels pour hommes sont-ils si « rigides » et normalisés, contrairement aux robes spectaculaires des femmes ?
Une réponse complète à cette question dépasse sans doute le cadre de cet entretien et nécessite une étude approfondie de l’histoire de nos costumes et de la mode. Avant que le costume tel que nous le connaissons aujourd’hui ne soit introduit par le dandy Beau Brummell, les hommes, avec leurs vêtements baroques, n’avaient rien à envier aux femmes en termes d’opulence.

L’une des raisons réside sans doute dans la conception stéréotypée des rôles sexuels. L’homme doit honorer la femme, la vénérer, la courtiser. La femme doit briller de toute sa beauté en tant que centre d’attention. Son compagnon ne joue qu’un rôle secondaire et ne doit en aucun cas lui voler la vedette. De mon point de vue, un homme devrait tout à fait pouvoir s’habiller de manière flamboyante et je n’ai rien contre le fait que les hommes et les femmes se battent pour l’effet spectacle. Dans ce domaine aussi, les anciens modèles de rôles peuvent être révisés et les comportements stéréotypés abandonnés. Il est simplement important que quelqu’un soit authentique et ne se déguise pas, même s’il est habillé de manière flamboyante.

Le 6 décembre, un apéro spécial a eu lieu à Bâle sur le thème « Dress up for the occasion ». Dominik s’est adressé aux Networkers présents sur la question difficile de « ce que l’homme doit porter ». L’événement s’est bien déroulé, se réjouit Dominik. Si bien qu’il tiendra à nouveau le même exposé le 15 février à Berne. Reto Konrad déclare à ce sujet : « Certes, nous ne savons pas encore exactement où aura lieu l’événement avec Dominik, mais nous sommes certains que l’on peut y trouver de bons inputs pour l’AG de Bad Ragaz ou pour notre sortie prévue au bal du deuxième trimestre ». Les invités d’autres régions sont également les bienvenus.

Dominik, peux-tu me dire quelque chose sur les couleurs ? Y a-t-il des couleurs qu’un homme « viril » ne porte pas ? Ou à quelles occasions les hommes sont-ils soumis à certains tabous en matière de couleurs ?
Non, les hommes n’ont pas de tabous en matière de couleurs, à l’exception des règles strictes de la tenue de soirée et de la queue de pie. D’après mon expérience de consultant, je constate que de nombreux hommes ont du mal avec les nuances de rose. Là encore, je trouve que la classification simpliste du bleu clair pour les garçons et du rose pour les filles est à côté de la plaque et totalement superflue. Il n’y a pas de couleurs masculines ou féminines.

En revanche, je suis d’avis que certaines couleurs conviennent mieux à chaque type que d’autres, ou que certaines couleurs peuvent être désavantageuses et faire paraître la personne plus pâle. Même si la théorie des types de couleurs a une connotation quelque peu ésotérique qui ne m’est pas particulièrement sympathique, je trouve qu’il existe effectivement des couleurs qui vont bien à un type et mal à un autre. Il n’y a pas de mal à déterminer pour soi-même à quel type de couleur on appartient, quelles couleurs sont à éviter et quelles couleurs conviennent particulièrement avantageusement à son teint.

Le Covid a t’il assoupli la mode professionnelle ou allons-nous revenir à l’obligation de porter une cravate ?
Je regrette que la formulation « cravate obligatoire » soit si négative. Avec la cravate, l’homme qui doit s’habiller selon une certaine norme aurait pourtant précisément le moyen de se distinguer des autres et de sortir de la masse avec des couleurs et des motifs. Lorsqu’on lit des magazines, des blogs de mode ou des enquêtes, la notion de « style individuel » revient sans cesse, mais lorsque je regarde autour de moi dans des lieux branchés ou lors de manifestations, je remarque que tout le monde s’habille de manière très uniforme. Et ceux qui se montrent plus audacieux doivent s’attendre à être confrontés à des regards de travers ou à des remarques stupides.

Mais revenons à la question principale : oui, je pense que l’un des changements apportés par le Covid concerne les normes vestimentaires dans le secteur professionnel. C’est en tout cas ce que j’entends de la part d’avocats ou d’employés de banque.

Pour finir, ma question préférée : quand la jupe pour homme sera-t-elle enfin acceptable ?
La jupe ou la robe pour homme sont depuis longtemps acceptables. Le problème n’est pas l’acceptation de la société, mais le manque de courage de la plupart des hommes. Si l’un d’entre eux hésite déjà à porter un costume bleu roi au lieu d’un costume bleu marine, comment peut-on lui demander de mettre une jupe pour homme ?

Texte: Michel Bossart
Traduction: Fred Bourdier
Photo: Marc Gilgen

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