Le Prix Network 2022 a été décerné à Queeramnesty Suisse. Lors de l’ApéroPlus à Berne, l’occasion a été donnée de faire plus ample connaissance avec le groupe de bénévoles et son engagement.
Le lauréat du Prix Network a été désigné au début de l’année par un vote. Avec le vote de 251 Networkers, le vainqueur a été clairement désigné : Queeramnesty. La remise du Prix a eu lieu dans le cadre de l’Assemblée Générale à Bad Ragaz. Le 13 septembre, à Berne, les participants ont eu l’occasion de découvrir le travail du plus grand sous-groupe d’Amnesty International Suisse : au programme, un exposé suivi d’une discussion avec le responsable du groupe Queeramnesty, Stefan Faust. L’événement a été organisé par le groupe régional de Berne.
Integration sociale
Stefan a réussi à illustrer l’engagement de son organisation aux plus de 30 personnes présentes et à montrer en même temps les véritables problèmes des réfugiés queer. Il est apparu clairement que la solitude et l’isolement social constituent dans de nombreux cas la plus grande difficulté pour les personnes concernées. Le travail des nombreux mentors de Queeramnesty, qui écoutent les réfugiés, les informent, les accompagnent et les aident à s’intégrer dans la communauté, est donc d’autant plus précieux. Comme l’a raconté Stefan, cela comprend par exemple la visite d’une Pride à laquelle les réfugiés sont invités par l’organisation.
Pour beaucoup, c’est un monde inimaginable. « Quelqu’un vient par exemple d’Afghanistan, où l’on ne peut même pas parler d’homosexualité, et assiste à un défilé de la Pride en tant qu’événement public – c’est un moment très touchant », a déclaré Stefan. Pour Queeramnesty, les Prides ne sont donc pas seulement l’occasion de faire du travail de relations publiques sur des stands, elles sont aussi une partie importante de l’intégration sociale des réfugiés queer.
Intervention en Suisse et à l’étranger
Queeramnesty a été fondé en 1997 et s’engage en faveur de l’ensemble des réfugiés qui ne correspondent pas aux conceptions hétéronormatives de la sexualité ou du genre binaire. Le groupe fait partie d’Amnesty International et bénéficie non seulement de la réputation et de la crédibilité de cette ONG reconnue, mais aussi de son travail de recherche. Queeramnesty Suisse se bat pour la communauté LGBT à l’intérieur de ses frontières, mais s’engage également pour les droits humains queer à l’étranger. L’un des pays cibles est la Pologne. Par le biais de newsletters et d’entretiens avec des politiciens et des diplomates, nous essayons d’exercer une influence et de soutenir les activistes locaux. L’année dernière, par exemple, un échange a eu lieu avec l’ambassadeur suisse en Pologne.
Le groupe compte au total un millier de membres et de donateurs, dont environ 70 sont des activistes. La plupart d’entre eux travaillent comme mentors pour les réfugiés queer. Une grande partie des fonds va directement aux réfugiés, par exemple sous forme de billets de train, de vêtements chauds ou de bons d’achat au supermarché.
Un simple flyer peut représenter un danger
L’une des difficultés pour les activistes de Queeramnesty est d’attirer l’attention des réfugiés sur son existence. En tant qu’organisation queer, on ne peut pas se contenter de distribuer des flyers dans des endroits très fréquentés des centres d’asile, explique Stefan dans son exposé. « Si d’autres compatriotes s’aperçoivent de leur intérêt pour une telle offre, ce ne sont pas seulement les réfugiés queer eux-mêmes qui sont en danger, mais aussi, dans certaines circonstances, leurs familles dans leur pays d’origine ».
Pour beaucoup, il est par conséquent difficile et délicat de s’ouvrir et de parler par exemple de leur homosexualité – en particulier dans les administrations. « Pour certains, les autorités sont fondamentalement l’ennemi ; ils s’accrochent à cette attitude en Suisse parce qu’ils n’ont jamais connu autre chose ».
Stefan avait également un message d’avertissement pour les Networkers présents. Même si la Suisse est loin des pays où les actes homosexuels constituent un délit : La communauté ne doit pas se reposer sur ses lauriers dans notre pays. « Tant qu’un couple de même sexe aura peur de s’embrasser en public, nous devrons continuer à nous battre ».
Tu en apprendras plus sur Queeramnesty ici.
Texte: Silvan Hess
Traduction: Fred Bourdier